Le projet parabaino se propose d’appréhender les massacres et les violences extrêmes à travers les expériences grecque et romaine dans une perspective comparée et pluridisciplinaire (Anthropologie, Archéologie, Histoire, Histoire de l’Art, Lettres Classiques, Philosophie).

Il s’agit d’étudier la genèse de ces pratiques afin d’inscrire l’Antiquité dans la compréhension globale des génocides et des violences de masse ; les résultats obtenus ont ainsi vocation à enrichir la connaissance des sociétés anciennes et à produire un savoir susceptible de contribuer à la réflexion d’ensemble sur le sujet. Les recherches sur le génocide mettent en valeur l’intemporalité des violences de masse, mais aussi la difficulté à les questionner en usant d’un mot élaboré par les Occidentaux au XXe siècle ; l’un des principaux verrous scientifiques à lever sera donc d’ordre conceptuel et terminologique.

Les civilisations grecques et romaines ont connu de manière récurrente, puis ont pensé et représenté les massacres et les violences extrêmes (atteintes aux corps, destructions, asservissement de masse, déportation, etc.). Étudier ces civilisations invite à réfléchir sur les questions d’identité, d’altérité et du genre, sur les processus de déshumanisation ainsi que sur les crises qui en résultent ; plus encore, elles offrent des « modèles » permettant de questionner les conceptualisations et interprétations contemporaines des violences de masse ainsi que les modalités de leur narration, de leur inscription dans l’histoire, de leur mémorialisation et commémoration. Ces références anciennes constituent donc des paradigmes des situations paroxystiques dans la guerre. Par ailleurs, leur étude par le prisme de la transgression permettra de contourner l’écueil inhérent à toute catégorisation juridique et d’écarter ainsi toute forme de hiérarchisation. En replaçant le génocide dans une analyse globale et en ne faisant pas du qualificatif un prérequis à la compréhension de la guerre d’anéantissement et des actes traumatiques qui l’accompagnent, c’est un regard nouveau des temps passés et éclairant pour nos sociétés contemporaines qui est proposé. Si les faits seront répertoriés, on cherchera surtout à saisir les processus de déclenchement et à déterminer les temporalités et les responsabilités. Ensuite, leur dimension transgressive, donc susceptible de remettre en question les fondements des sociétés qui y sont confrontées, sera interrogée ainsi que les démarches entreprises pour assimiler, circonscrire, neutraliser ces pratiques destructrices et leurs effets. Quelle part du sacré était-elle mise à l’épreuve en portant atteinte à l’intégrité physique des hommes, des femmes et des enfants, en détruisant des monuments ? Quelles sont les constructions et les figures de l’intolérable ?

Pour répondre à ces interrogations et grâce à l’expertise de ses membres, l’équipe du projet Parabaino élaborera un corpus documentaire partagé dans un intranet, constituant la base de la réflexion scientifique, des choix méthodologiques et épistémologiques. Ce corpus sera ensuite mis en ligne sous une forme simplifiée pour le bénéfice des chercheurs, des enseignants du secondaire et du grand public. Le site internet proposera donc en accès libre des fiches analytiques des principales sources textuelles et iconographiques et des fiches thématiques par axe de recherche, mais aussi une bibliographie, un lexique, des résumés des articles et des captations des communications. En effet, des rencontres scientifiques répondant aux questions posées par le projet, puis leur publication complèteront la dissémination et valorisation des résultats auprès des étudiants et des chercheurs, spécialistes de l’Antiquité et/ou des génocides et violences de masse.

Ainsi le projet Parabaino, en centrant l’étude sur l’Antiquité, se propose d’être un socle et un point de départ à la réflexion d’ensemble qui a commencé à être menée sur les génocides et les violences de masse.

Responsables du programme :

  • Isabelle Pimouguet-Pédarros
  • Nathalie Barrandon