Financé dans le cadre de l’appel à projets recherche 2016 d’Alliance Europa, le projet CITER a pour objectif de renouveler les problématiques sur la citoyenneté européenne.
En effet, l’émergence d’ordres politiques nouveaux, singulièrement en Europe avec la construction européenne, le phénomène de mondialisation, les migrations internationales, la globalisation financière ainsi que l’essor des nouvelles technologies sont en train de changer profondément la conception de la citoyenneté que les mouvements libéraux et démocratiques, depuis la fin du XVIIIe siècle, nous a léguée. Naguère solide, la triade associant l’Etat-nation à la citoyenneté et à la démocratie semble aujourd’hui se déliter. La crise des « migrants », comme la vague d’attentats djihadistes en France et en Belgique, ébranlent également l’une des représentations traditionnelles de la citoyenneté dans la plupart des pays européens : sa clôture sur une communauté particulière, enracinée dans un sol et incarnée dans une histoire. Ces phénomènes de décomposition et de recomposition questionnent en un mot les grandes figures de la modernité politique. S’ils s’inscrivent dans un mouvement global, ils n’en suscitent pas moins de profondes interrogations et produisent une angoisse diffuse. En témoigne le succès des partis nationalistes, un peu partout sur le continent.
Cette interpellation de l’opinion requiert l’attention des chercheurs. L’érosion des certitudes quant à l’inscription de la citoyenneté dans le cadre de l’Etat -nation fournit une belle occasion pour interroger le passé et l’avenir du lien civique en -deçà et au-delà des souverainetés nationales.
Le projet Citer structure cette réflexion autour de trois grands axes :
Axe 1) Les citoyennetés européennes dans l’expérience impériale et coloniale
Pour commencer, il s’agit d’explorer la « soute » historique de la citoyenneté européenne, en considérant la centralité des expériences coloniales et impériales dans la longue durée et dans une perspective transnationale et globale.
Axe 2) Migrations, constructions identitaires, droit des minorités
Aujourd’hui, qu’ils soient nommés « immigrés », « migrants » « étrangers » ou « réfugiés », les résidents et les citoyens issus de l’immigration sont, dans leur majorité, originaires de territoires jadis inclus dans la sphère d’influence directe ou indirecte des Etats du vieux continent. Nationaux ou non, ils se trouvent à la frontière de la communauté civique : leur situation, souvent indécise, ambivalente, éclaire les tensions qui caractérisent les mutations de la citoyenneté dans l’Union. On pense également au processus d’accès aux droits sociaux et politiques ainsi qu’à la reconnaissance légale, ou non, des différences culturelles et religieuses.
Axe 3) Citoyenneté et cosmopolitisme
L’Europe se présente enfin comme un dépassement cosmopolitique du cadre national, essentiellement fondé sur l’adhésion aux valeurs. Citer interroge l’histoire de cette projection utopique, son inscription dans l’histoire de la démocratie et ses effets sur la redéfinition du lien entre individu et communauté politique. En ce sens, les thèmes de l’assimilationnisme et du multiculturalisme, par exemple, ou encore du patriotisme constitutionnel seront privilégiés.
L’objectif principal du projet consiste donc, sur le plan de la recherche, à renouveler les problématiques sur la citoyenneté européenne en l’abordant à partir de l’histoire de ses marges à la fois juridiques, géographiques, sociales, dans une perspective globale et de longue durée.
Equipe de CITER
Porteurs du projet :
Post-doctorante : Kaja Skowronska